Veille bibiographique : 15 mai 2011

Durée période circadienne endogène Homme vs Femme / variabilité de la fréquence cardiaque et sommeil paradoxal / débit sanguin régional cérébral et marqueur de dégénérescence…

Chronobiologie
Une différence interindividuelle liée au genre est manifeste dans les habitudes de sommeil : les femmes tendent en effet à se réveiller plus tôt que les hommes et semblent mieux disposées aux activités du matin. Bien que les circuits et mécanismes neurobiologiques sous-jacents à cet alignement circadien demeurent méconnus, des études sur des modèles animaux ont démontré une différence de période circadienne en fonction du genre, passible d’expliquer ce phénomène chez les être humains. Une étude parue dans la revue Proceedings of the National Academy of Science in the USA intitulée “Quantification of Behavior Sackler Colloquium : Sex difference in the near-24-hour intrinsic period of the human circadian timing system” a voulu évaluer cette différence de genre en mesurant la période circadienne endogène d’individus hommes et femmes.
Des estimations précises de la période circadienne endogène ont ainsi été recueillies sur un échantillon de 52 femmes et 105 hommes âgés de 18 à 74 ans dans le cadre d’un protocole hospitalier d’une durée de 1 mois afin de minimiser l’impact de facteurs confondants susceptibles de modifier l’estimation de cette période endogène.
Il est apparu que cette période endogène était plus courte chez les femmes [24.09 ± 0.2 h (24 h 5 min ± 12 min)] que chez les hommes [24.19 ± 0.2 h (24 h 11 min ± 12 min) ; P < 0.01]. Données très importantes pour la détermination par genre de la prévalence / sévérité de certaines pathologies du sommeil comme l’insomnie.

Neurologie
Des marqueurs précoces de neurodégénérescence comme des signes moteurs, une capacité de distinction des couleurs affaiblie, des dysfonctionnements olfactifs et des anomalies de perfusion du cerveau sont observables dans les troubles du comportement en sommeil paradoxal, un facteur de risque identifié dans la maladie de Parkinson ou la démence à corps de Lewy. Une étude parue dans la revue Movement Disorders (3 mai 2011. doi : 10.1002/mds.23721) intitulée « Brain perfusion and markers of neurodegeneration in rapid eye movement sleep behavior disorder » a voulu reproduire les observations de ces anomalies du débit sanguin régional cérébral sur un échantillon indépendant de patients (20 sujets souffrant de troubles du comportement en sommeil paradoxal et 20 sujets sains contrôles), par tomographie d’émission monophotonique, et explorer l’hypothèse d’une association entre débit sanguin régional cérébral et marqueur de dégénérescence.

Cancer et sommeil
La revue Psychooncology (2011 Apr 29. doi : 10.1002/pon.1969) publie une étude intitulée “Initial evaluation of an Internet intervention to improve the sleep of cancer survivors with insomnia” se proposant d’évaluer la pertinence d’un dispositif de traitement par thérapie cognitivo-comportementale via le web destiné à l’accompagnement des patients ayant survécu à un sommeil souffrant d’insomnies. Les résultats obtenus sont encourageants puisque les patients issus du groupe ayant expérimenté le dispositive web évoquaient une amélioration de leur sommeil au regard du groupe contrôle dans la sévérité de l’insomnie (F(1,26) = 22.8 ; p<0.001), la dimension réparatrice du sommeil (F(1,24) = 11.45 ; P = 0.002), la latence d’endormissement (F(1,24) = 5.18 ; P = 0.03), la profondeur du sommeil (F(1,24) = 9.34 ; P = 0.005), le sentiment de mieux-être à l’éveil (F(1,24) = 11.95 ; P = 0.002), la fatigue globale (F(1,26) = 13.88 ; P = 0.001).

Cœur et sommeil
Une étude publiée dans PLoS One(22 avril 2011 ;6(4):e19002) intitulée “Short-Term Complexity of Cardiac Autonomic Control during Sleep : REM as a Potential Risk Factor for Cardiovascular System in Aging” identifie le sommeil paradoxal comme une période du sommeil passible de constituer un facteur de risque pour le système cardiovasculaire dans le vieillissement, eu égard au fonctionnement du contrôle autonome de la fréquence cardiaque observable pendant cette phase de sommeil. Les résultats observés après examens polysomnographiques sur un échantillon de sujets sains jeunes (21.1±0.8 ans) et de sujets sains plus âgés ((64.9±1.9 ans) laissent penser que le vieillissement est caractérisé par des indices d’entropie de la variabilité cardiovasculaire pendant le cycle veille-sommeil, plus tangible pendant le sommeil paradoxal. Aussi les auteurs concluent-ils que lors du vieillissement le sommeil paradoxal est associé à une simplification des mécanismes de contrôle de la fréquence cardiaque qui pourrait entrainer une capacité affaiblie du système cardiovasculaire à endurer des événements cardiovasculaires adverses.
CC