Dr Véronique Viot-Blanc, Service d’Explorations Fonctionnelles Multidisciplinaires – Unité de Sommeil, Hôpital Ambroise Paré

Ce rapport confirme la diminution lente, environ 2% par an, de la prescription de benzodiazépines en France depuis 2002. Malheureusement cette diminution ne concerne que les anxiolytiques, alors que la prescription d’hypnotiques reste stable. La consommation d’hypnotiques augmente avec l’âge, comme l’insomnie. On aboutit donc au dangereux paradoxe que c’est la population la plus exposée aux troubles mnésiques, aux troubles du comportement, aux chutes nocturnes, aux apnées du sommeil et au risque de surdosage qui reçoit le plus d’hypnotiques et le plus souvent de façon chronique.

La plupart des prescriptions sont faites en médecine générale. Malgré les différentes campagnes d’information institutionnelles, la parution de recommandations, la mise à disposition d’outils spécifiques pour faciliter la diminution et l’arrêt des benzodiazépines la situation ne s’est pas améliorée.

Comment peut-on interpréter cette situation ?
De nombreux médecins généralistes sont préoccupés dans leur pratique quotidienne par ce problème. Afin de trouver des alternatives à la prescription d’hypnotiques, un nombre croissant se forme à la prise en charge de l’insomnie par la formation permanente. Ils décrivent leurs difficultés, voire leur désarroi face à l’insomnie des sujets âgés. D’un côté, la demande du patient, souvent pressante, témoignant de sa souffrance, aggravée par la solitude, la maladie, la douleur physique. D’un autre côté la difficulté à mettre en place un abord cognitivo comportemental pour cette population qui se déplace mal, entend mal, retient mal et souvent manque de moyens : en bref trop long, trop loin, trop compliqué… Prescrire reste donc souvent le seul choix. Or l’arsenal thérapeutique français en matière d’hypnotiques se réduit essentiellement aux benzodiazépines. Depuis 25 ans, la seule nouveauté apparue en France, est le Circadin, mélatonine à longue durée d’action, dont l’indication n’est pas très claire et qui n’est pas remboursé.

Comment progresser ?
Les hypnotiques de demain auront des modes d’action différents, espérons qu’ils aient aussi moins d’effets indésirables. C’est ce qu’il faudra étudier de façon spécifique chez les sujets âgés, et à long terme, puisque telles sont les conditions d’utilisation réelles. Alors, faute de prescrire moins, nous pourrions déjà prescrire mieux, ce qui serait un réel progrès.

Beaucoup de chemin reste à faire pour aider les médecins qui exercent déjà et pour ceux qui exerceront demain. Une meilleure formation à la prise en charge de l’insomnie et ce, dès les études de médecine, pourrait faire évoluer les choses. Il est plus facile de démarrer avec de bonnes pratiques que de changer les moins bonnes, et sans doute moins coûteux de former d’emblée correctement les nouvelles générations.

Les étudiants de 2002 sont médecins aujourd’hui. S’ils avaient été mieux formés, les chiffres seraient –ils les mêmes ?

Lire le rapport de l’Affsaps

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