Le Dr Gronfier– Département de Chronobiologie, Inserm, U846 Institut Cellule Souche et Cerveau, Bron – revient sur quelques aspects chronobiologiques abordés lors de la dernière édition du Congrès du Sommeil qui s’est tenue à Marseille du 22 au 23 novembre.

Dans la session dépression et sommeil, une interaction, B. Etain1 a démontré l’existence d’un lien étroit entre système circadien et trouble bipolaire. Son travail montre des anomalies fonctionnelles et génétiques de la voie de synthèse de la mélatonine chez les patients ayant un trouble bipolaire. Ce résultat est à mettre en lien avec les données de la littérature suggérant que certain gènes régulants nos horloges jouent un rôle dans la susceptibilité au trouble bipolaire (clock, arntl1, npas2, per3 and nr1d1). Ceci explique combien il est important dans la dépression, et peut-être encore plus dans les pathologies bipolaires, de respecter des rythmes de vie réguliers en particulier en ce qui concerne le sommeil et les horaires de coucher et de lever.

Dans la session pourquoi sommes-nous si différents face au manque de sommeil, trois présentations majeures ont montré que la vulnérabilité à la dette de sommeil est très différente d’un individu à l’autre. P Bourgin2 a illustré que la réponse à la dette de sommeil était relativement semblable entre les espèces chez le mammifère. Il a aussi présenté des travaux chez le rongeur mettant en évidence le rôle des cellules ganglionnaires a mélanopsine dans la régulation du sommeil, soit de manière directe, soit indirecte via les processus circadiens et homéostasiques. J Taillard3 a présenté des données chez l’Homme montrant la capacité de la lumière à maintenir la vigilance et les processus cognitifs dans des situations où la pression de sommeil est élevée comme ce que l’on peut voir en cas de privation de sommeil. Ses résultats suggèrent que la lumière pourrait être une contre-mesure efficace à la somnolence au volant, ou aux troubles des rythmes circadiens du sommeil dans des conditions extrêmes telles que celles rencontrées dans la base polaire Concordia. HP Landolt4, à partir de données chez l’Homme, a fait un point sur les connaissances des mécanismes impliqués dans la pression de sommeil, sur la vulnérabilité à la dette de sommeil, et la sensibilité à la caféine. Il a présenté un modèle mécanistique extrêmement intéressant impliquant non seulement les récepteurs à l’adénosine (A2A) mais aussi les récepteurs à la dopamine, dans le processus homéostasique de régulation du sommeil. Le modèle est intéressant car il propose de nouveaux mécanismes de régulation du sommeil, mais aussi, par voie de conséquence, parce qu’il va permettre d’imaginer de nouvelles approches de traitement de certains troubles du sommeil

La session de communications orales 4 a été riche avec 4 présentations sur le thème de la chronobiologie. C. Gronfier  a présenté des données montrant que l’on peut manipuler le spectre lumineux pour induire des réponses non-visuelles à la lumière (EEG, pupille, vigilance, …) Les résultats de cette recherche permettent d’envisager des applications pratiques de la lumière, par exemple dans des conditions de travail ou les conditions lumineuses sont de faibles intensité. A. Viola5 a présenté des données suggérant que le réveil par une lumière progressive forte comme peuvent en délivrer les simulateurs d’aube a un effet protecteur positif sur la physiologie cardiovasculaire (balance sympathovagale). CM Schröder6 a décrit des résultats montrant que la mélatonine est une approche thérapeutique à considérer chez des enfants présentant un trouble du sommeil.

1 Pôle de psychiatrie – Hôpital Albert Chenevier – Créteil / INSERM U841 – Université Paris XII

2 CNRS UPR 3212 , Equipe n°9 “Lumière, rythmes circadiens, homéostasie du sommeil et neuropsychiatrie”, Institut des Neurosciences Cellulaires et intégratives -Strasbourg

3 CNRS UMR 5227, GENPPHASS, Bordeaux

4 Institut de Pharmacologie et Toxicologie – Université de Zurich

5 Département de l’Université Chronobiologie Cliniques psychiatriques, Bâle

6 Pôle Psychiatrie et Santé Mentale – Département de neurologie – Strasbourg  

 

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