Actualités Congrès : domaine respiratoire

Le Dr TRZEPIZUR partage ici sa sélection des actualités 2019 dans le domaine des troubles respiratoires au cours du sommeil, sélection en partie présentée lors de la session "Actualités" du Congrès du Sommeil 2019.

Le Pr TRZEPIZUR, CHU d’Angers, partage ici sa sélection des actualités 2019 dans le domaine des troubles respiratoires au cours du sommeil, sélection en partie présentée lors de la session « Actualités » du Congrès du Sommeil 2019.

Focus vidéo de l’actualité

ACTUALITÉS 2019

DANS LES TROUBLES RESPIRATOIRES AU COURS DU SOMMEIL

Titre : Long-term clinical effectiveness of continuous positive airway pressure therapy versus non-invasive ventilation therapy in patients with obesity hypoventilation syndrome: a multicentre, open-label, randomised controlled trial

Auteurs : Juan F Masa, Babak Mokhlesi, Iván Benítez, Francisco Javier Gomez de Terreros, Maria Ángeles Sánchez-Quiroga, Auxiliadora Romero, Candela Caballero-Eraso, Joaquin Terán-Santos, Maria Luz Alonso-Álvarez, Maria F Troncoso, Mónica González, Soledad López-Martín, José M Marin, Sergi Martí, Trinidad Díaz-Cambriles, Eusebi Chiner, Carlos Egea, Javier Barca, Francisco-José Vázquez-Polo, Miguel A Negrín, María Martel-Escobar, Ferran Barbe, Jaime Corral, on behalf of the Spanish Sleep Network*

Contexte : Le traitement de référence du syndrome obésité ventilation (SOH) a longtemps été la ventilation non invasive (VNI). Sachant que le SOH est associé dans plus de 70% des cas à un syndrome d’apnées hypopnées du sommeil (SAHOS) sévère, plusieurs études suggèrent que la pression positive continue (PPC) est aussi efficace que la VNI en terme d’amélioration à court terme de la gazométrie artérielle et des principaux symptômes du SOH. L’efficacité comparée de ces deux traitements à plus long terme n’a jamais été étudiée.

Méthodes : Il s’agit d’une étude multicentrique randomisée contrôlée en ouvert comparant la PPC et la VNI chez les patients SOH avec SAHOS sévère en état stable. L’objectif principal est de comparer l’impact de ces deux traitements sur le nombre de jour d’hospitalisation par an. Les autres objectifs sont de comparer l’impact de ces deux traitements sur l’observance thérapeutique, la mortalité, les hospitalisations (en urgence, en soins intensifs), l’incidence des évènements cardiovasculaires, les symptômes du SOH (dyspnée, somnolence), les différentes mesures de qualité de vie et les paramètres fonctionnels (dont les gaz du sang).

Résultats : Cent patients ont été alloués au groupe VNI et 115 patients au groupe PPC. La durée moyenne de suivi était de 5,44 ans et l’observance du traitement très proche (6 heures dans les deux groupes). Aucune différence n’était notée sur le critère de jugement principal (nombres de jours d’hospitalisation par an : 1,63 +/- 3,74 dans le groupe PPC versus 1,44 +/- 3,07 dans le groupe VNI (p=0,561). Le traitement du SOH s’accompagnait d’une amélioration clinique (dyspnée, asthénie) et fonctionnelle (GDS, capacité vitale) et hémodynamique (baisse de la pression artérielle) sans différence significative entre les deux groupes.

Perspectives et limites : Cette étude confirme les informations obtenues sur des études plus courtes concernant une efficacité comparable de la PPC fixe et de la VNI en traitement du SOH avec SAHOS sévère associé. La PPC étant plus simple à mettre en place et moins onéreuse, son utilisation en première intention dans cette situation est justifiée. Cette proposition a été retenue dans les recommandations sur le SOH de l’ATS publiées cette année. Il faut noter qu’elle ne concerne que des patients vu en consultations, en état stable, ce qui reste une situation assez rare, la majorité des patients SOH rentrant dans la maladie à l’occasion d’une hospitalisation en soins intensifs pour acidose respiratoire.

Références :
1: Masa JF, Mokhlesi B, Benítez I, Gomez de Terreros FJ, Sánchez-Quiroga MÁ, Romero A, Caballero-Eraso C, Terán-Santos J, Alonso-Álvarez ML, Troncoso MF, González M, López-Martín S, Marin JM, Martí S, Díaz-Cambriles T, Chiner E, Egea C, Barca J, Vázquez-Polo FJ, Negrín MA, Martel-Escobar M, Barbe F, Corral J; Spanish Sleep Network. Long-term clinical effectiveness of continuous positive airway pressure therapy versus non-invasive ventilation therapy in patients with obesity hypoventilation syndrome: a multicentre, open-label, randomised controlled trial. Lancet. 2019 Apr 27;393(10182):1721-1732.
2: Mokhlesi B, Masa JF, Brozek JL, Gurubhagavatula I, Murphy PB, Piper AJ, Tulaimat A, Afshar M, Balachandran JS, Dweik RA, Grunstein RR, Hart N, Kaw R, Lorenzi-Filho G, Pamidi S, Patel BK, Patil SP, Pépin JL, Soghier I, Tamae Kakazu M, Teodorescu M. Evaluation and Management of Obesity Hypoventilation Syndrome. An Official American Thoracic Society Clinical Practice Guideline. Am J Respir Crit Care Med. 2019 Aug 1;200(3):e6-e24.

oOo

Titre : Cognitive and behavioral therapy for insomnia increases the use of continuous positive airway pressure therapy in obstructive sleep apnea participants with co-morbid insomnia: A randomized clinical trial.

Auteurs : Alexander Sweetman, Leon Lack, Peter G Catcheside, Nick A Antic, Simon Smith Ching Li Chai-Coetzer, James Douglas, Amanda O’Grady, Nicola Dunn, Jan Robinson, Denzil Paul, Paul Williamson, R Doug McEvoy

Contexte : Le SAHOS et l’insomnie significatifs ont des prévalences proches dans la population générale. Surtout, des études portant sur des cohortes de patients SAHOS retrouvent des taux élevés de plaintes d’insomnie associées au SAHOS (27 à 85% des patients SAHOS auraient une insomnie chronique associée). Cette insomnie pourrait participer au problème d’observance de la PPC. Cette étude évalue l’impact d’un traitement de l’insomnie avant la mise en place de la PPC sur l’observance de celle-ci chez ces patients.

Méthodes : Il s’agit d’une étude multicentrique randomisée contrôlée en ouvert étudiant l’impact d’un traitement de l’insomnie par des thérapies cognitivo-comportementales (TCC) par rapport aux soins courants avant mise en route du traitement par PPC sur l’observance thérapeutique à 6 mois chez les patients SAHOS insomniaques. Les TCC étaient composées de 4 séances individuelles ou en groupe pendant les 6 semaines avant le début du traitement par PPC et comportaient un traitement standards de l’insomnie (restriction du temps passé au lit, informations sur le sommeil, informations sur l’hygiène du sommeil, thérapie cognitive).

Résultats : Soixante-douze patients ont été inclus dans le groupe TCC et 73 dans le groupe soins courants. Les TCC ont permis d’améliorer l’observance thérapeutique de 60,7 minutes (p=0,023) avec une efficacité surtout marquée sur les refus initiaux ou après la première nuit d’essai de PPC (1 refus dans le groupe TCC versus 8 dans le groupe contrôle ; p=0,034). Les TCC associées à la PPC étaient également plus efficaces que la PPC seule sur la perception subjective d’insomnie. Aucune différence n’était en revanche notée entre les deux groupes sur l’amélioration de la qualité et de l’efficacité du sommeil évaluée par la polysomnographie et l’amélioration des symptômes diurnes (asthénie, somnolence).

Perspectives et limites : Cette étude renforce l’intérêt d’une considération interdisciplinaire des problèmes de sommeil avec l’intérêt d’un traitement respiratoire et psychologique combinés. Dans la pratique courante, l’accès au TCC reste cependant limité en France du fait de l’absence d’une prise en charge satisfaisante par les organismes de sécurité sociale de la psychothérapie. Des réflexions futures pourront porter sur des modalités nouvelles de TTC (en groupe, sous forme électronique) afin de faciliter son accès au plus grand nombre de patients, l’observance thérapeutique de la PPC étant un enjeu majeur de la discipline.

Références :
1: Sweetman A, Lack L, Catcheside PG, Antic NA, Smith S, Chai-Coetzer CL, Douglas J, O’Grady A, Dunn N, Robinson J, Paul D, Williamson P, McEvoy RD. Cognitive and behavioral therapy for insomnia increases the use of continuous positive airway pressure therapy in obstructive sleep apnea participants with co-morbid insomnia: A randomized clinical trial. Sleep. 2019 Aug 12. pii: zsz178.

oOo

Titre : Solriamfetol for Excessive Sleepiness in Obstructive Sleep Apnea (TONES 3)

Auteurs : Paula K. Schweitzer, Russell Rosenberg, Gary K. Zammit, Mark Gotfried, Dan Chen, Lawrence P. Carter,Hao Wang, Yuan Lu, Jed Black, Atul Malhotra, and Kingman P. Strohl

Contexte : La prise en charge de la somnolence associée au SAHOS reste parfois compliquée soit par persistance du symptôme sous traitement du SAHOS bien conduit (PPC, orthèse…) soit par inobservance thérapeutique. Il n’existe pas aujourd’hui de traitement symptomatique de ce symptôme validé par les autorités de santé en Europe. Le Solriamfetol, inhibiteur sélectif de la recapture de la dopamine et de la noradrénaline, est efficace dans le traitement de la somnolence dans d’autres pathologies comme la narcolepsie. Des études préliminaires suggèrent également son efficacité dans le SAHOS

Méthodes : Il s’agit d’une étude multicentrique randomisée contrôlée en double aveugle évaluant l’efficacité du Solriamfetol à 4 différentes posologies (de 37,5 à 300mg) sur la somnolence associée au SAHOS à 12 semaines de traitement par rapport à un placebo (5 groupes de randomisation). Les patients inclus présentaient un SAHOS (définition ICSD-3) et une somnolence diurne subjective et objective (ESE ≥10 ; Temps de maintien d’éveil (TME) <30 minutes, en l’absence de dette de sommeil).

Résultats : Quatre-cent soixante-seize patients ont été inclus dans l’étude et répartis entre les 5 groupes. Le traitement par Solfriamfetol était associé à une amélioration de la somnolence (ESE) et de la vigilance (TME) dans tous les groupes recevant le principe actif et avec un effet-dose très marqué. Les effets secondaires étaient assez nombreux mais légers à modérés : céphalées, nausées, anorexie, anxiété rhinopharyngite.

Perspectives et limites : Il s’agit d’un traitement symptomatique de la somnolence proposé ici chez des patients SAHOS recevant ou non un traitement spécifique de celui-ci. Les résultats sont prometteurs et conformés par une étude observationnelle prolongée publiée par ailleurs (Malhotra et al. Sleep 2019). Les effets secondaires restent nombreux et l’impact sur le long terme notamment sur le pronostic métabolique et cardiovasculaire reste inconnu. Si la molécule reçoit une autorisation de mise sur le marché, il faudra probablement s’attendre à une prescription spécialisée et encadrée par des critères objectifs stricts (TME, TILE).

Références :
1: Schweitzer PK, Rosenberg R, Zammit GK, Gotfried M, Chen D, Carter LP, Wang H, Lu Y, Black J, Malhotra A, Strohl KP; TONES 3 Study Investigators. Solriamfetol for Excessive Sleepiness in Obstructive Sleep Apnea (TONES 3). A Randomized Controlled Trial. Am J Respir Crit Care Med. 2019 Jun 1;199(11):1421-1431.
2: Malhotra A, Shapiro C, Pepin JL, Hedner J, Ahmed M, Foldvary-Schaefer N, Strollo PJ, Mayer G, Sarmiento K, Baladi M, Chandler P, Lee L, Schwab R. Long-term study of the safety and maintenance of efficacy of solriamfetol (JZP-110) in the treatment of excessive sleepiness in participants with narcolepsy or obstructive sleep apnea. Sleep. 2019 Nov 6. pii: zsz220.